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3ème dimanche A, homélie de frère Marie

Is 8, 23b – 9, 3 ; Mt 4, 12-17

Les maîtres mots des lectures de ce dimanche sont ‘lumière’, ‘joie’. Pas n’importe quelle lumière, ni n’importe quelle joie. Les textes nous parlent d’une lumière qui émane d’une visite de Dieu, une visite de Dieu qui vient éclairer nos ténèbres. La joie est celle d’une libération, la libération de quelque chose qui nous pèse.
Nous participons tous à cette évidence qu’est la vie. Cette vie fragile, cette vie belle ou confuse, avec ses heurs et malheurs, avec ses lumières et ses ombres. Cette vie avec son bien et son mal, ses espoirs et ses désespérances. Cette vie à laquelle nous tenons tous reste cependant un mystère. Nous cherchons tous du sens à nos vies, du sens à nos histoires, du sens à notre monde et nous tâtonnons souvent comme des égarés. Les égarés ont besoin de sens et de lumière. Au cœur même de nos impasses ou de nos questionnements existentiels Dieu vient nous ouvrir une voie qui opère un nouveau commencement, qui opère une relation vivifiante et une compréhension inédite de notre existence.
C’est ainsi que commencent le texte d’Isaïe repris par l’évangile de ce jour : sur les égarés que nous sommes une lumière s’est levée, une lumière a resplendi qui a prodigué la joie. Une lumière qui a jeté ses premiers rayons sur le peuple d’Israël, mais sans dévoiler tout son mystère, et maintenant lumière révélée aux nations, à l’humanité entière.
Le Seigneur Jésus vient se manifester au carrefour des nations, nous dit l’évangéliste. Le Seigneur vient se manifester dans nos périphéries, dans nos zones ténébreuses, dans nos ignorances, jusqu’à recouvrir nos hontes de sa gloire nous dit le prophète Isaïe.
Le Seigneur Jésus porte avec lui une parole de vie qui ne passe pas, il ouvre une porte d’espérance qui se nomme royaume des Cieux. Le Christ commence sa prédication en disant : « convertissez-vous, le royaume des Cieux est tout proche. »
Dire le Royaume de Dieu s’est approché, c’est le dire présent au milieu de nous, parmi nous et faisant irruption en nous.
Le Royaume des cieux est intervention et présence de Dieu parmi les hommes et qui ouvre un nouvel espace dans nos vies. Un nouvel espace qui change notre perception de l’humanité et de notre monde. Nous ne sommes pas sur terre pour nous haïr, nous battre ou nous dominer, mais pour nous respecter et nous aimer, voilà ce que nous apprend entre autres Jésus. Ce Royaume s’est manifesté en Christ, par sa prise en charge de l’humanité, dans ses espérances et ses ténèbres. Par sa mort et sa résurrection, avant d’être proclamation, il est avant tout évènement et manifestation de l’humanité sauvée et glorifiée en Lui.
La conversion, c’est nous tourner vers cette réalité nouvelle, mettre les pieds dans ce monde du royaume de Dieu. Le Christ nous y appelle, car il veut notre libération. Répondre, et s’y avancer c’est comme les premiers disciples endosser la vie de témoins au cœur de nos vies personnelles et sociales.
Jésus, Verbe de Dieu fait chair, est passé en ce monde. Il est venu lumière d’en haut, dans le mystère de la naissance, dans le mystère de la chair, et il ressort dans le passage de la Pâque, dans la lumière de l’Esprit.
Mais Jésus ne passe pas comme le monde passe, ou comme nos vies semblent passer. Non, Jésus demeure en nos vies, en nous faisant passer avec lui et demeurer en lui, dans sa gloire. Là se trouve toute la dynamique de ce royaume des Cieux auquel nous participons en tant qu’acteurs, et qui nous fait passer de la mort à la vie.