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Dimanche des Rameaux -A, homélie du P. Abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,

À la question : « qui est cet homme ? », Celui qui entre à Jérusalem, les foules ont répondu avant que nous commencions notre procession : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée ». Et il y a là un paradoxe voir un scandale celui de la Croix du Christ. La figure du prophète qui entre à Jérusalem qui est pour les foules un motif de cris de joie et de louange, Jésus, dans l’Évangile selon Saint Mathieu l’utilise pour parler de lui-même en évoquant son rejet et sa mise à mort.

« Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! » s’écrit-il avant sa passion. Jésus est le juste mais persécuté et abandonné, le prophète mais mis à mort, le roi des juifs et ce motif de condamnation sera écrit sur le panneau que sa croix portera.

Et cela nos oreilles l’ont entendu, nos yeux l’ont vu. Voici ce que firent ceux qui étaient réunis chez le grand prêtre après l’arrestation du Sauveur de tous les hommes : « Alors ils lui crachèrent au visage et le giflèrent ; d’autres le rouèrent de coups en disant : « Fais-nous le prophète, ô Christ ! Qui t’a frappé ? ». Tout cela est arrivé pour que s’accomplissent les écrits des prophètes : « Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : Ils ramassèrent les trente pièces d’argent, le prix de celui qui fut mis à prix, le prix fixé par les fils d’Israël, et ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné » comme nous l’avons entendu proclamer. Mais il y a bien plus que cela,  Jésus est le prophète, l’unique, le Fils bien aimé. Dans un grand cri, il nous livre la Parole définitive du Père, parole de salut et de miséricorde pour tous les hommes, parole d’amour de l’amour qui se donne totalement. Parole qui rejoint toute la souffrance et la faiblesse humaine.

Quelque part encore en nous, souvent de manière bien cachée, nous rêvons d’un sauveur performant, d’un guérisseur qui résolve tous nos problèmes et nous apporte une paix qui serait celle du monde. Mais paradoxalement, ce n’est que parce que Jésus de Nazareth est rejeté, condamné, mis à mort sur la Croix et enseveli que nous pouvons le reconnaître comme le juste, le prophète, le roi, le sauveur et le Fils comme le fait déjà, comme par anticipation le centurion : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! ». C’est parce qu’il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur jusqu’à la mort de la Croix que toute langue peut proclamer : Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

Et il nous laisse ainsi comme il l’avait annoncé une loi nouvelle donnée sur la montagne.

« Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés ».

Seigneur, alors que nous célébrons ta passion qui nous sauve, apprends nous à te reconnaître dans ceux qui sont comme toi rejetés, méprisés, délaissés dans tous les pauvres et les étrangers que tu aimes.