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Dimanche de Pâques, homélie du P. Abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,

En ce matin de Pâques, Marie Madeleine court au tombeau. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée. Cette constatation tous les Évangiles nous la rapportent. L’Évangile selon saint Mathieu nous a dit cette nuit que c’est un ange qui a roulé la pierre. Il s’est passé quelque chose de très important. Non seulement la pierre a été roulée mais le corps de Jésus semble avoir été enlevé. C’est si important que Marie court prévenir Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait. Et les disciples courent au tombeau. L’un après l’autre et de manière différente, ils s’aperçoivent que les linges sont posés à plat et donc que le corps de Jésus n’est plus là. S’apercevoir, c’est une manière de regarder. C’est faire la constatation d’un événement inattendu voir troublant. La pierre qui était si lourde a été roulée et le corps n’est plus là. Mais s’apercevoir, ce n’est pas croire. Il manque encore quelque chose pour accéder à la foi.
« C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut ». Il y a une part de mystère que nous ne pouvons pas saisir mais ce disciple qui arrivé le premier s’était penché et avait aperçu les linges posés à plat entre et voit. Il voit et croit. Dans l’évangile de Jean, le verbe voir utilisé ici est toujours du registre de la foi. C’est ce que le Sauveur dit à Marthe pleurant la mort de son frère Lazare : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ». Croire en la résurrection, c’est changer notre manière de voir.
Mais nous pouvons encore avancer plus loin. Que voit l’autre disciple, celui que Jésus aimait sinon une absence. Il voit et il croit. Mais ce qu’il voit, c’est beaucoup plus avec le cœur qu’avec les yeux. A lui s’applique déjà par anticipation ce que Jésus dira à Thomas lui qui voulait toucher : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Par la foi, nous sommes comme voyant l’invisible et cela transforme notre manière de regarder le monde.
La foi, c’est un regard intérieur, purifié, gratuit qui ne cherche plus son intérêt et sa satisfaction. Pour le recevoir, saint Paul nous invite à nous purifier des vieux ferments. Demandons au Ressuscité qu’il purifie nos cœurs de tout ce qui nous empêche non pas d’apercevoir mais de le voir, de le découvrir. C’est à Lui que tous les prophètes rendent témoignage. C’est de lui que nous recevons la grâce du pardon et de la réconciliation. C’est lui que nous découvrons en méditant les Écritures.
Célébrons cette Pâques de manière nouvelle en nous laissant toucher et rejoindre par le Ressuscité. Il se manifeste à la fraction du pain et donc dans le partage. Il se manifeste sous une apparence étrangère puisque Marie le prendra pour le jardinier. Il se manifeste dans tous les hommes que nous devons servir.