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17ème dimanche – B, homélie de frère Marie

2R 4, 42-44 ; Ps 144 ; Ep 4, 1-6 ; Jn 6, 1-15

Pour nous faire rentrer dans son mystère Jésus nous déplace de l’autre côté de la mer, suivre Jésus, partir à sa recherche c’est changer notre horizon de vie. Les disciples ou les foules qui le suivent quittent leurs lieux familiers pour approcher Jésus, attirés par les promesses contenues dans ses paroles et ses actes.
Jésus gravit la montagne et s’y assit avec ses disciples. Jésus nous élève, pour nous rassembler, nous enseigner et pour nous partager son repas.
Assis sur la montagne Jésus lève les yeux et voit une grande foule venir à lui. Le don gratuit et surabondant de Jésus est en lien avec ce regard qu’il porte sur la foule. Jésus voit ceux qui le cherchent, ceux pour qui il représente une promesse, une espérance, une consolation, ceux qui vers lui cherchent une réponse aux grandes questions de la vie. Le plus grand désir de Jésus est nous nourrir, de nous nourrir de lui-même, de l’abondance de vie qu’il détient.
Le pain signifie par lui-même tous les dons qui sont nécessaires à la vie, et le Christ Jésus en fait le Don par excellence, son corps donné pour que le monde ait la vie en plénitude, mais aussi pour que notre vie porte du fruit de sainteté.
Le pain conforte notre vie corporelle, sans pain on meurt, mais il est aussi le fruit du travail. Il est symbole de consistance, et aussi symbole de partage, d’espérance de fraternité. De là vient le mot de ‘compagnon’. Le pain appelle une solidarité, dont le monde a énormément besoin. A travers le miracle du pain multiplié à profusion Jésus manifeste la solidarité de Dieu à notre égard et il nous invite à faire de même les uns envers les autres.
C’est Jésus qui a l’initiative de ce pain multiplié, le maître du repas c’est lui. C’est lui qui rend grâce, et qui distribue aux convives, nous sommes ses invités. Nous sommes ses invités, mais pas seulement, nous sommes aussi ses disciples et tout comme à Philippe il nous pose cette question : « Comment nourrir ces foules, en prendre soin ? ».
La seule chose que nous pouvons offrir nous semble souvent dérisoire devant les besoins d’une humanité ou d’un monde blessé, une goutte d’eau dans l’océan. Le précepte de charité envers le prochain nous laisse souvent un goût d’impuissance devant l’immensité de la tâche que nous percevons.
Et pourtant dans notre récit, sans ce jeune homme avec la petitesse de son offrande, de ses cinq pains d’orge et ses deux petits poissons, le miracle n’aurait pas eu lieu.
A travers l’action de grâce Jésus multiplie nos petits pains, il nous entraîne dans son don. Et l’évangile de ce jour nous dit que ce geste est éminemment gratuit. Savons-nous, nous laisser atteindre et emporter par l’action de grâce ? Cette action de grâce qui nous fait percevoir le don de la vie, sa beauté fondamentale, cette action de grâce qui nous met en alliance avec Dieu et qui nous met en alliance de vie avec tout ce qui nous entoure ?
Jésus exprime cette alliance en donnant l’ordre à ses disciples de recueillir la surabondance du pain dans des paniers pour que rien ne se perde. Ce n’est pas juste un souci contre le gaspillage, « pour que rien ne se perde » est le souci de Dieu pour l’humanité, c’est ce souci que Jésus aussi nous confie comme à ses disciples.
Notre récit se termine cependant sur une ambiguïté : devant une telle providence la foule ne voit en Jésus qu’un roi qui pourrait subvenir à tous leurs besoins, qu’ils soient matériels ou politiques. Jésus échappe à cette ambiguïté. Il nous apprendra que sa royauté passera par le mystère de la croix, et que lui, qui nous aimera jusqu’à l’extrême, deviendra le pain de nos cœurs. Cette nourriture nous transforme en hostie vivante, en offrande sainte et agréable à Dieu. C’est à travers ce chemin de foi que Jésus nous fait traverser notre petitesse et nos ambiguïtés mais au cœur duquel Jésus nous nourrit de sa fidélité.