Les communautés monastiques de la Famille Cistercienne, fêtent aujourd’hui la solennité des Trois Fondateurs de Cîteaux, le Nouveau Monastère fondé selon la tradition le 21 mars 1098 en Bourgogne.
Célébrer les Fondateurs, c’est toujours retrouver la grâce d’une naissance, et la crèche qui est encore là, à l’intérieur de cette église, nous invite à regarder le Christ Enfant, et par ce regard, à désirer naître à une vie nouvelle. Nous le savons : Dieu nous a déjà fait renaître d’une semence impérissable, sa Parole vivante qui demeure. Les trois abbés Fondateurs de Cîteaux – Robert, Albéric et Étienne – ont accueilli dans la douceur la Parole que Dieu avait semée en eux, et ils ont porté du fruit. Leur vie est comme un reflet vivant du passage écouté en deuxième lecture, tiré de la Lettre aux Hébreux. L’auteur de la lettre fait l’éloge de la foi des anciens : il ne s’agit pas d’un traité sur la foi, mais la description d’une foi vécue, concrète et courageuse, qui nous stimule encore aujourd’hui. Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit. / Aussitôt appelé, Abraham obéit. Il y a en lui comme un synchronisme parfait avec la réponse ; nous pourrions dire que la Parole de Dieu résonnait encore à ses oreilles que déjà Abraham se mettait en route : va vers le pays que je te montrerai. Sa confiance est grande : il renonce aux biens visibles pour les invisibles, mais il attendait la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte, une ville qui aurait de vraies fondations. Et cette attente est intense car il aspirait à une patrie meilleure, celle des cieux. Nous voyons bien toute la fécondité de la foi.
Comme Abraham, les trois abbés, Robert, Albéric et Étienne, ont accueilli la Parole de Dieu qui les appelait chaque jour. Grâce à cette foi ils ont pu redonner toute sa fraicheur à la vie monastique, comme saint Benoît l’avait voulue. Cîteaux a fleuri grâce à leur engagement ; ils incarnaient les valeurs qu’ils proclamaient et chacun à sa manière attirait les autres par sa qualité de vie. Ils ont fait partie d’un vaste mouvement monastique dont le seul but était de servir l’Église, et ils lui ont donné une spiritualité par leur vie et leur ferveur. Il y a dans l’intention des trois Fondateurs le désir de retrouver la pureté de la Règle de saint Benoît, la pauvreté dans la vie, une réelle séparation du monde sans pour autant exclure l’hospitalité envers tous, riches et pauvres. Le résultat a été une rénovation spirituelle : comme le dit saint Paul, on revêt alors l’homme nouveau.
Suivant l’exemple d’Abraham, les Fondateurs de Cîteaux ont cheminé tout au long de leur vie à la lumière de la foi, comme une étoile qui les guidait. Et cette lumière est précisément ce que les abbayes cisterciennes nous ont légué, nous ont laissé en héritage. L’architecture de ces lieux est animée non pas par la couleur, mais par la lumière. La simplicité des lignes et l’absence de couleur nous permettent de goûter davantage la pureté de la lumière. De cette manière nous pouvons saisir encore plus réellement que Dieu est lumière et le Christ lumière du monde. La lumière qui resplendit à travers les vitraux blancs d’une abbaye cistercienne en est le reflet terrestre. Mais pour comprendre et ressentir cela, il y a besoin du silence.
Dans la prière et dans ce silence, en suivant les abbés de Cîteaux, demandons la lumière et la fécondité de la foi, pour chercher Dieu et nous aimés les uns les autres comme lui, le Seigneur, nous a aimés.
Frère Matteo