« La nuit où le Seigneur était livré », alors que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père »
Dear Brothers and Sisters,
Cette nuit, c’est aujourd’hui, alors qu’avec toute l’église nous commençons à faire mémoire du mystère de la mort et de la résurrection du Christ, mystère dont nous recevons la vie. Mais avant qu’il soit livré, le Sauveur se donne totalement et nous livre ce que saint Bernard appelle deux sacrements et deux exemples. Judas va trahir Jésus et le livrer à ceux qui en veulent à sa vie. Mais le dessein de Dieu qui est éternel est que le Fils soit livré pour nous tous, par amour. Judas trahit et chacun d’entre nous, nous avons notre part d’infidélité mais Jésus se donne totalement dans le sacrement de son amour pour que nous en recevions la vie et la charité en plénitude. Il nous invite à faire mémoire de cela. Il nous donne un exemple pour que nous fassions, nous aussi comme lui-même a fait pour nous. Il n’y a aucune fatalité dans la mort de Jésus vers laquelle il s’avance librement. Il n’y a plus de fatalité non plus pour nous si nous nous tournons vers le Christ
Au cours du repas qui est son dernier repas sur terre, le Sauveur, l’Emmanuel, Dieu avec nous, Jésus se fait notre nourriture, corps qui est pour nous. Où plutôt, il le fait pour ses apôtres mais nous le célébrons par la grâce du Sacrement jusqu’à aujourd’hui. Il nous invite à boire la coupe de la Nouvelle Alliance en son sang. En versant son sang pour nous, il nous a donné son amour. C’est par la communion avec Dieu mais aussi avec nos frères et sœurs que surgit l’espérance d’abord comme un don reçu puis comme une bonne nouvelle à partager. Car cette alliance nouvelle est pour tous, elle ne supprime pas la première car selon ce qu’il est dit dans la lettre au Romains « les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance » mais la table est prête et tous les hommes sont invités. Faisons alors monter notre prière pour tous les hommes afin qu’ils reçoivent la vie et trouvent la paix.
Le Christ se donne aussi en lavant les pieds de ses disciples. Il le fait au milieu du repas. Ce n’est ni un signe d’hospitalité, ni un bain rituel pour une purification extérieure mais un signe qui donne un sens, un exemple à suivre montrant ce que Le Sauveur veut nous laisser en héritage par ce dernier repas. Jésus en se faisant serviteur, jusqu’à laver les pieds de ses apôtres, jusqu’à la Croix pose un acte qui engage la vie de tous ses disciples jusqu’à nous aujourd’hui. Lui qui est Dieu de toute éternité remplit l’office d’un esclave. Et cet acte nous guérit de l’orgueil en nous apprenant à nous mettre au service les uns des autres. Il ne s’agit pas seulement de laver les pieds mais de nous laisser laver les pieds. Il s’agit de nous laisser servir et pardonner par un autre, par des autres et c’est la grâce que nous devons nous offrir les uns aux autres pour construire une communauté selon le commandement du Christ. Pas de communion sans pardon et sans humilité, c’est ce que le Seigneur nous enseigne ce soir. Voici que la lumière brille dans les ténèbres.
P. Abbot Vladimir