Monastery Tower

La tour-monastère, monument emblématique de l’île Saint-Honorat, est protégée au titre des monuments historiques depuis 1840. Sur le plan architectural, c’est un monument atypique et unique. Elle a l’allure d’une tour militaire vue de l’extérieur et nous surprend par son aspect monastique qu’on retrouve à l’intérieur.

Une première tour a été érigée par les moines à la fin du XIe siècle comme un lieu de refuge en cas d’attaques. Cet endroit, malgré sa proximité à la mer d’où venaient des envahisseurs, jouissait d’une protection naturelle. Les fonds marins sont très hauts dans cette partie de l’île ne permettant pas aux bateaux de trop approcher la côte. Pendant plusieurs siècles les moines agrandissaient et renforçaient la tour lui donnant une allure aristocratique au XIIIe siècle qui témoignait de la puissance de l’abbaye.  À partir du XVe siècle ils décident d’abandonner les constructions se trouvant à l’emplacement de l’actuel monastère et s’installent dans la tour en permanence. C’est à cette période-là que la tour va devenir un véritable monastère, contenant toutes les pièces nécessaires (cloître, réfectoire, église, cellules etc.), mais disposées de manière verticale.

À partir de cette époque-là et surtout après l’occupation espagnole pendant la guerre des Trente ans, en tant qu’un site stratégiquement important du point de vue militaire, l’île est sous la protection de l’armée française. Une partie de la tour est alors réaménagée pour accueillir des soldats qui cohabitent avec les moines jusqu’à la sécularisation de l’abbaye en 1788. La tour demeure pendant tout ce temps le cœur de la vie monastique.

Vendue aux enchères en 1791, l’île reste dans la main de différents propriétaires privés, jusqu’à l’installation de la communauté monastique cistercienne en 1869 qui est toujours son propriétaire. Néanmoins, l’île désertée de ses religieux n’est pas vidée de son histoire : de multiples visiteurs fréquentent ce lieu à la fin du 18e siècle et dans la première moitié du 19e siècle. C’est alors, dans un contexte national général, que l’île se patrimonialise. Elle devient attractive par son histoire, sa localisation et ses monuments, en particulier pour les romantiques. Le choix de la communauté cistercienne était de reconstruire un monastère au centre de l’île, laissant la tour-monastère à la découverte de leurs visiteurs.

Depuis son classement au titre des monuments historiques, la tour-monastère a fait l’objet de nombreuses campagnes de travaux de consolidation ou de restauration. La restauration actuelle a commencé en juillet 2020, comprenant des travaux complexes qui ont englobé l’ensemble de l’édifice permettant d’améliorer la sécurité de ses visiteurs et de la conserver pour les futures générations. Ce projet s’élevant à 7 091 884,28 € TTC n’aurait pas été possible sans aides de l’État, du Département des Alpes-Maritimes, de la Ville de Cannes, de la Fondation du patrimoine, la Mission Stéphane Bern et de la Fondation des Monastères, ainsi qu’à de nombreux donateurs privés.