Chers Frères et Soeurs,
Alors que nous prions pour tous les défunts, l’Évangile, dans la suite de celui de la fête de Tous les Saints que nous célébrions hier nous donne une nouvelle béatitude pour nous inviter à veiller.
« Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller ». La veille, la vigilance dont parlent les Écritures n’a de sens que parce qu’elle est l’attente d’une rencontre. Nous nous préparons en veillant non pas pour nous perfectionner par nos propres forces, non pas pour devenir des surhommes, non pas pour devenir les meilleurs mais pour une rencontre avec celui qui donne sens à nos vies. Notre vie s’accomplit dans cette rencontre. Et cette veille, cette rencontre passe par un service où nous renonçons à prendre la première place, un service dans l’humilité. Ce n’est pas pour rien que saint Benoît appelle le monastère une école où l’on sert le Seigneur puisque nous nous y préparons ensemble à la rencontre, espérant dans le service et la prière que le Seigneur nous amène tous ensemble à la vie éternelle. « Tenons nous prêts ».
« En effet, aucun d’entre nous ne vit pour soi-même ». Parler de la mort, parler des défunts, c’est parler de quelque chose dont nous n’avons pas l’expérience, quelque chose dont nous ne pouvons parler que par des images dont nous connaissons l’insuffisance. Du royaume qui vient, de ce que Dieu a réservé pour ceux qui l’aiment, nous ne pouvons parler que parce que nous savons que ce royaume est déjà mystérieusement présent et agissant au milieu de nous. Le royaume qui vient est comme l’accomplissement, l’épanouissement de toutes nos rencontres, celles que nous avons vécu, celles que nous avons espéré, épanouissement qui de manière paradoxale mais, nous suivons en cela le Christ, passe par la mort. Nous ne pouvons recevoir la vie en plénitude qu’en la donnant. Le service de Dieu est aussi service du prochain quel qu’il soit comme nous l’indique le double commandement de l’amour.
« J’espère le Seigneur de toute mon âme ; je l’espère, et j’attends sa parole ».
Veiller, c’est d’abord prier comme nous l’enseignent les Évangiles car la prière est une rencontre qui nous prépare à la rencontre, elle est l’oeuvre de Dieu et donc un service. Priant pour nos frères et soeurs défunts, nous nous préparons nous-mêmes. Elle est un service que nous faisons pour toute l’humanité. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. En priant pour les vivants comme pour les morts, nous oeuvrons pour le salut de toute l’humanité pour laquelle Dieu a envoyé son Fils. « Car, si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants ». Prier pour les défunts, c’est donc espérer et espérer pour tous. « Le Seigneur fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages ». La vie est un don que le Seigneur nous donne et il veut nous la donner en plénitude. Le Christ nous dit qu’il est le chemin, la vérité et la vie. Il n’est pas un guide, il n’est pas un gourou. Il est Celui par lequel nous passons pour recevoir la vie en plénitude. Il est passé par la mort pour nous et il a fait de ce qui ne peut sembler que malheur et fin un passage vers la vie.
« Oui, près du Seigneur, est l’amour ; près de lui, abonde le rachat ».
Il est ainsi notre espérance puisqu’il est notre vie.
Père Vladimir



