Dear Brothers and Sisters,
« Dans l’Esprit, Jésus fut conduit au désert et il fut tenté par le Diable »
Puisque ces paroles ont été écrites pour notre instruction, puisqu’elles sont une Bonne Nouvelle nous disant quelque chose de notre salut, la tradition de l’Église s’est beaucoup interrogée sur le sens de ce récit et ce qu’il nous enseigne. Sans aucun doute, le Christ nous laisse ainsi un exemple pour nous enseigner à résister à la tentation sous ces trois formes essentielles tel que le récit nous les présente. Et c’est bien à propos que cet exemple nous est donné en ce début du temps de carême. Nous y revivons en quelque sorte ce que le peuple élu a vécu en étant conduit au désert pour être mis à l’épreuve afin de témoigner de sa fidélité. C’est ce que répète régulièrement le deutéronome qui est en arrière plan du récit de la tentation au désert et d’où viennent les 3 citations scripturaires que Jésus utilise pour répliquer au diable. « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur : allais-tu garder ses commandements, oui ou non ? ». Nous commençons la longue marche qui nous conduit jusqu’à Pâques avec tous nos frères et sœurs chrétiens et nous sommes appelés à grandir dans la fidélité en nous appuyant sur la Parole Vivante et non sur nos propres forces. C’est ce que fait Jésus aujourd’hui au désert. La lettre aux Romains nous invite aussi à le faire : « Tout prêt de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur »
Et sur ce chemin, les tentations du Christ sont là pour nous donner confiance en la miséricorde. Comme le dit la lettre aux hébreux : « En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché ». Il y a pourtant une différence radicale entre les tentations du Christ et ce que nous éprouvons lorsque nous sommes tentés. S’il est pleinement et totalement homme, il n’y a dans le Christ aucune connivence, aucune attirance pour le mal. La tentation reste pour lui quelque chose qui lui vient de l’extérieur alors que nous éprouvons tous qu’elle vient aussi en nous de notre nature humaine blessée par le péché. Et il y a ainsi un autre exemple que nous offre le Christ dans ses tentations. Ce que lui propose le diable finalement, c’est une fausse image du Fils de Dieu et du Messie. Si tu es Fils de Dieu alors à toi tous les pouvoirs, à toi le règne et la domination comme l’exercent tous les puissants de la terre. Si tu es le Fils de Dieu, à toi le refus de la condition humaine dans sa fragilité et sa capacité à souffrir. Tout t’est offert. Mais ce que le Fils sur lequel l’Esprit est descendu comme une colombe au moment du baptême choisit, c’est de recevoir la vie non de lui-même mais d’un autre. Il choisit non la domination mais le service. Il choisit librement d’être un Messie Crucifié. Le Christ vient ruiner les œuvres du diable non par la puissance mais par l’humilité ou plutôt par la puissance de l’humilité. C’est un Messie Crucifié que nous prêchons avec Paul. « Supprime les tentations et pas un n’est sauvé » disait Abba Antoine, un des Pères du désert. Car elles nous enseignent et l’humilité et à nous mettre à la suite du Messie Crucifié, mort et ressuscité pour notre salut, ayant pris sur lui notre faiblesse.
« Le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé »
C’est ainsi que notre récit se termine renvoyant à l’épreuve décisive aux jardins des oliviers lorsque Jésus le Fils priait le Père s’unissant à sa volonté et que sa sueur devint comme des gouttes de sang. Pas de colère, pas d’armée céleste pour manifester sa puissance, pas de malédiction mais une bonne parole au Larron ; « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Que ce Sauveur doux et humble soit notre consolation et notre joie dans notre marche en ce carême.
P. Abbot Vladimir