Luc 5, 1-11 ; Is 6, 1-8 ; Ps 137 ; 1Co 15, 1-11
Chers frères et sœurs
Le Christ Jésus est la pierre angulaire qui unit en lui Dieu et l’homme, sur lui repose la promesse de Dieu, qui est notre espérance et notre souffle de vie. St Paul nous en rappelle le fondement : « Je vous rappelle la Bonne Nouvelle…Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze. »
La parole de Dieu nous ouvre au mystère du Christ, passage à une vie nouvelle, à une vie de grâce qui nous fait expérimenter la présence de Dieu lui-même au cœur de notre vie. Une présence qui s’exprime en promesse vivante par le don de l’espérance, qui est l’œuvre de l’Esprit Saint. C’est à cette parole de Dieu qui ouvre une espérance qu’aspire les foules qui pressent Jésus. Cette espérance a besoin d’être enseignée et partagée. Ceux qui écoutent Jésus deviennent auditeurs et porteurs d’une parole qui n’est pas seulement une vie à espérer, mais une parole qui suscite en nous une vie nouvelle qui nous fait apôtre en ce monde. La parole de Dieu, telle qu’elle se manifeste en Jésus, a le pouvoir de détruire en nous les œuvres de mort et de péché et de faire germer une vie nouvelle, celle de Dieu même. Nous vivons sous le régime de la grâce : « Ce que je suis, nous dit St Paul, je le suis par la grâce de Dieu et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. » oui, la grâce de Dieu est féconde et nous devons être attentif de ne pas éteindre les dons de l’Esprit Saint.
Simon et ses compagnons se sont laissé toucher par cette grâce, c’est cette même grâce qui nous a atteint et qui a fait germer en nous le désir d’en vivre. Ce désir d’en vivre est une réponse à l’initiative de Jésus. L’initiative de Jésus de monter dans notre barque, de nous faire prendre un peu de distance, de jeter nos filets là où il nous a semblé d’œuvrer en vain dans les eaux de notre impuissance.
Cette grâce suscite l’acte de foi, un acte de foi qui est déstabilisant, mais qui ouvre une vie. C’est l’expérience que fait Simon-Pierre. Lorsque Jésus invite ce pêcheur expérimenté à jeter les filets, à une heure improbable, après une nuit infructueuse, il lui répond tout de même : « Sur ta parole je vais jeter les filets », tel est le premier acte de foi de Pierre envers Jésus.
Foi en cette parole qui transforme en vie foisonnante ce qui semblait mort et stérile. Pour nous aussi l’acte de foi est déstabilisant, la parole de Dieu nous déstabilise, elle nous fait souvent dire : « J’ai déjà peiné toute la nuit sans rien prendre », mais comme Simon-Pierre nous devons oser jeter les filets, avancer en eau profonde, comme si on se jetait nous-même à l’eau. Jeter les filets là où on n’a pas l’habitude, à l’heure où on n’a pas l’habitude, là où on ne maîtrise pas l’efficacité de ce qui va se passer.
Comme Simon-Pierre le foisonnement de vie fait prendre conscience de l’immensité du Christ et de sa grâce et par là-même de notre condition humaine si imparfaite, ‘pècheresse’ disons-nous. C’est alors que Jésus nous dit : « Ne crains pas », je suis venu pour que tu aies la vie, pour que tous aient la vie. Le filet de la parole de Dieu ne t’emprisonne pas, il te libère. Le filet de la parole de Dieu n’agît pas comme le filet du chasseur. Le filet de la Parole de Dieu ne fait pas de nous une proie, mais un don, un don pour nous même et pour le monde, pour les autres. Le filet de la parole de Dieu tisse des liens que nous sommes appelés à entretenir et aussi à renouer.
A travers son acte divin Jésus ne s’impose pas. Il se dévoile comme maître de tout le créé, comme donateur, sans imposer son vouloir. Il laisse à Simon-Pierre l’initiative et la liberté de le choisir et de le suivre, lui et ses compagnons. Ils ont expérimenté sa puissance et sa bonté.
C’est ce mystère que nous sommes appelés à vivre en nos vies et à sans cesse approfondir pour contredire les germes de mort qui peuvent s’y manifester et conserver à nos vies sa beauté qui tient sur l’unique grâce de Celui qui nous la révèle.
Brother Marie