Dear Brothers and Sisters,
« Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire », avons nous chanté avec le psalmiste. De même nous avons entendu le prophète nous dire : « Soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. Le messager de l’Alliance que vous désirez, le voici qui vient. Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? »
Et voici qu’en ce jour, ce qui était annoncé s’accomplit. Le Roi de gloire, le Seigneur de l’univers vient à notre rencontre mais comme un enfant sans défense. La loi est accomplie mais c’est l’Esprit saint qui parle par la bouche de Syméon proclamant que Dieu fait toutes choses nouvelles en apportant la lumière aux nations. Celui qui n’a pas besoin d’être racheté, Celui qui n’a pas besoin d’être purifié est amené par ses parents à Jérusalem pour accomplir la loi. Comme nous l’avons chanté ce matin : « Il vient obéir à la loi, Lui qui ne doit rien à la loi ». « Il lui fallait donc se rendre en tout semblable à ses frères » pour nous racheter de la malédiction de la loi. Dans les bras du vieillard Syméon se trouve celui qui vient racheter toute l’humanité. Il est présenté dans le Temple et c’est comme si dans les bras de ce vieillard toute l’humanité était présentée à Dieu. Lorsque nous demandons à chaque office de ce jour comme au début de cette messe de pouvoir, avec une âme purifiée être présentés nous aussi devant Dieu, nous ne faisons que demander l’accomplissement dans sa plénitude de ce qui est déjà arrivé en ce jour béni dans le temple où toute l’humanité est comme rassemblée dans le mystère qui s’accomplit.
Saint Bernard commentant cet Évangile et la procession de cette fête dit qu’elle a été inaugurée par celle de la Sainte Famille se rendant à Jérusalem pour qu’un juste reconnaisse Celui qu’il attendait. Il y a aussi, écrit-il, une deuxième procession où ce sont déjà des foules qui précèdent et qui suivent Celui qui entre de nouveau dans Jérusalem porté par un âne pour s’offrir sur la Croix pour le salut du monde. Le Christ Jésus, cet enfant que nous voyons présenter dans le Temple a partagé jusqu’à la mort et la mort de la Croix notre condition pour être le libérateur de nos vies et nous montrer le chemin de la vie. Et ce que Syméon dit à Marie est une révélation pour nous, un dévoilement de nos pensées. Nous sentons nous appelés car il ne faudrait surtout pas se poser la question de notre capacité. Nous sentons nous appelés à nous offrir et à offrir toute l’humanité dans le sacrifice du matin qui s’accomplit dans le temple et dans celui du soir où la vie jaillira du mystère de la Croix. C’est vrai que nous n’avons rien d’extraordinaire à offrir, juste une offrande de pauvre comme les deux petites colombes de l’Évangile.
Nous recevons la vie dans l’humilité de notre condition, dans sa faiblesse et son péché. C’est d’abord cela l’objet de notre acceptation et de notre offrande. C’est dans nos vies sans importance que le salut jaillit et que nous nous unissons à l’offrande du Christ. En fait, nous n’avons même pas deux petites colombes à offrir. Comme l’a si bien vu Thérèse de l’Enfant Jésus, nous ne pouvons prétendre nous présenter devant Dieu autrement que les mains vides. Avec nos cierges à la main, nous abandonnant à l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, avançons nous avec espérance et foi à la suite de Celui qui s’offre pour nous.
« Orne la chambre de tes noces, Sion qui attend le Seigneur
Le salut du monde est venu, le Christ nous convie à la joie ».
Père Abbé Vladimir