Chers Frères et Sœurs,
« Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
En cette nuit, nous sommes toujours dans le temps de cet aujourd’hui qui court jusqu’à la plénitude. Ce que l’ange annonce aux bergers est encore pour nous source de vie. Il nous est annoncé un Sauveur, un Messie, le Seigneur par la voix des anges. Mais celui-ci est un enfant emmailloté, couché dans une mangeoire. Le signe du salut si l’on peut dire ainsi est une mangeoire avant d’être la Croix. Ce mot se trouve trois fois dans le début du chapitre deux de l’Évangile de Luc. La nativité telle que l’Évangile selon saint Luc la raconte, c’est une manifestation du Dieu éternel dans une mangeoire. Et pourtant il n’est même pas normal, pensable d’y mettre un nouveau – né. C’est pourtant des choses semblables que subissent beaucoup de nouveaux nés encore aujourd’hui dans les lieux de guerre, dans l’exil, dans la pauvreté.
« Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » Au début du récit comme dans toutes les manifestations de Dieu, il y a la crainte que provoque un messager divin mais nous sommes ensuite dans le totalement nouveau. Une troupe céleste innombrable pour un nouveau-né couché dans une mangeoire. Jésus nait à l’écart comme il mourra à l’écart. Et c’est dans cet écart que nous est donné le salut. Les langes dont il est emmailloté annoncent le linceul et les bandelettes.
« La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ». Mais c’est dans la fragilité et le dénuement. L’enfant sauveur, le Verbe fait chair qui est devenu bébé vagissant se manifeste à des bergers, vivant au dehors, à l’écart, catégorie sociale plutôt méprisée car incapable par leur mode de vie de suivre les règles de pureté. Et c’est bien à eux que l’ange annonce : « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ». Comme le dit la première lettre aux Corinthiens : « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est ». Voilà ce qui nous est dit par l’ange en cette nuit. Comme l’avait annoncé le prophète Isaïe : « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ». La gloire, le pouvoir qui donne la paix, tout cela nous vient sous le signe de la fragilité.
Dieu s’est fait homme, il s’est humanisé, « Il s’est anéanti devenant semblable aux hommes » comme le dit la lettre aux Philippiens et c’est par cet enfant sans défense que nous pouvons redécouvrir que nous sommes à l’image de Dieu. Comme l’écrit saint Irénée, Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. C’est cet enfant qui nous le révèle.
Chers Frères et Sœurs,
En cette nuit écoutons la voix des anges. Ils nous disent toute la valeur de l’humilité et de la pauvreté. Ils nous invitent à aimer ceux qui sont pauvres, fragiles et à l’écart. Ils nous invitent à nous aimer nous même comme des bergers, dans notre fragilité et notre pauvreté car c’est le chemin que Dieu a pris pour nous rejoindre.
Père Abbé Vladimir