Chers Frères et Sœurs,
On ne peut bien comprendre le passage de l’Évangile que nous venons d’entendre et que l’Église nous donne pour prier en ce début de carême que si l’on se rappelle qu’au beau milieu de ce texte le Christ donne, révèle à ses disciples la prière des fils, le Notre Père. Ce Père qui voit dans le secret, Celui qui sait ce dont nous avons besoin avant que nous lui demandions, Celui qui est présent au plus secret et toujours prêt à rendre est Celui auquel nous nous adressons en disant Notre Père. Nous ne devenons pas justes par nos actes mais par la foi, la confiance, l’amour et l’espérance qui nous lient à ce Père céleste, Lui qui fait de nous des fils, des frères et des sœurs. Aumône, prière et jeune ne sont que des moyens pour cela et nous sommes invités à les accomplir dans le secret mais non pas seuls, dans le secret de l’humilité qui paradoxalement nous unit à tous les hommes. Ces trois moyens traditionnels tracent comme un chemin d’espérance vers le Père et vers nos frères et sœurs les plus simples et les plus démunis. Ils sont là à notre disposition pour nous libérer de la peur et du péché.
Plus de goût amer en nous, plus de goût de poussière dans tout, plus de colère qui nous suit partout. Le chemin de carême est un chemin de joie car il est un chemin d’espérance et de liberté. Le voici maintenant le temps, favorable, le voici maintenant le jour du salut. Nous sommes appelés à devenir justes de la justice même de Dieu, celle qui est un don gratuit. Il suffit juste de nous alléger pour la recevoir.
« Ton Père qui voit dans le secret te le rendra » est-il répété à trois reprises dans le texte de Mathieu. Mais qu’est-ce que le Père nous rend sinon son amour paternel débordant qui fait lever son soleil sur les bons comme sur les méchants, qui pardonne et nous invite à pardonner. Le Père qui est totalement don dans son Fils et par son Esprit nous invite à nous donner nous aussi sans regarder en arrière.
En recevant les cendres, il sera prononcé sur nous : « Convertissez vous et croyez à l’Évangile ». Croyons à cette Bonne Nouvelle pour qu’elle remplisse nos cœurs de joie. Nous pourrons donner sans contrepartie, prier dans le silence, jeuner sans en avoir l’air comme en un jour de fête. C’est ainsi que nous serons des témoins.
P. Abbé Vladimir