« Père entre tes mains, je remets mon esprit ».
Chers Frères et Sœurs,
À 3 reprises dans le récit de la Passion que fait Luc, Jésus, le Sauveur, prie en appelant son Père dans un grand cri. Cette dernière prière qui reprend un verset de psaume, ce sont les derniers mots du Fils Bien Aimé, juste avant de mourir. Dans la tradition juive, citer un verset de psaume renvoie au psaume tout entier. Ce cri de Jésus est donc à la fois celui d’un homme plongé dans la souffrance comme nous entendons le psalmiste le dire : « Prends pitié de moi, Seigneur, je suis en détresse, la douleur me ronge les yeux, la gorge et les entrailles » et en même temps un chant de confiance, voir d’espérance. « Moi, je suis sûr de toi Seigneur, je dis tu es mon Dieu ». C’est ce que le Christ a vécu dans sa passion que ce psaume évoquait de manière prophétique et c’est ce que nous sommes invités à méditer en ces jours depuis la trahison de Judas l’un des douze jusqu’à la mise au tombeau d’où jaillira la vie, la vie véritable. Et cette dernière prière du Christ nous invite à l’espérance.
« Père entre tes mains, je remets mon esprit ».
Ce cri de Jésus vers son Père, ne peut se comprendre sans les deux autres qui l’ont précédé.
« Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne ». Dans cette prière, toutes nos souffrances et nos déchirements intérieurs er ceux de tous les hommes sont comme récapitulés. C’est dans la communion avec la volonté de salut du Père qui est aussi la sienne que le Sauveur nous invite à entrer. Et ce qui nous semblait jusqu’alors insupportable, impossible peut devenir chemin de salut.
« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ». Rien ne peut mieux exprimer que ces mots ce que le Christ est venu nous révéler sur la Croix. « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité ». Il n’y a pas de limite à l’offre inconditionnelle du pardon par le père sinon celle de notre accueil. C’est ainsi que nous contemplons la Croix, que nous pouvons nous la représenter non seulement comme un instrument de torture mais d’abord comme le signe de la vie qui se fraie un chemin à travers la violence et la mort. C’est de la Croix que jaillit notre espérance.
« Père entre tes mains, je remets mon esprit ».
Ces 3 prières du Christ, ne sont pas que des mots qui nous viennent du passé. Elles nous sont offertes aujourd’hui pour que nous les fassions nôtres pour parvenir à l’espérance que nous offre le Christ. C’est ce que Luc lui-même signifie en remettant presque les mêmes mots sur les lèvres d’Etienne le premier des martyrs au moment de sa mort mais adressés au Christ, notre Grand Dieu et Sauveur : « Étienne, pendant qu’on le lapidait, priait ainsi : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Puis, se mettant à genoux, il s’écria d’une voix forte : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » Et, après cette parole, il s’endormit dans la mort ». Ces paroles sont pour nous comme un sacrement et un exemple, prière du Christ total que nous les membres faisons au Christ qui est la tête et que le Christ adresse au Père, prière du Christ total qui nous permet de demeurer fermes dans l’espérance.
Faisons nôtres ces prières pendant ces jours pour que celle-ci ne faiblisse pas et pour que la paix donnée par le Christ demeure en nos cœurs et entre nous.
P. Abbé Vladimir