15e Dimanche du Temps ordinaire

Chers Frères et Soeurs,

Le passage d’Évangile que nous venons d’entendre peut sembler très connu puisque l’expression Bon Samaritain est devenu proverbiale. Pourtant, depuis la période patristique, il a donné lieu à de multiples interprétations  parfois divergentes et cela est vrai jusqu’à aujourd’hui. Il est une interprétation d’un précepte de la loi  : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » introduite par la question : « Et qui est mon prochain? ». Et cette question résonne jusqu’à aujourd’hui. Pour bien comprendre la réponse à cette question, il faut contempler dans toute sa profondeur et sa richesse le sentiment qu’éprouve le samaritain et que n’ont pas ressenti le prêtre et le lévite qui sont passés de l’autre côté du chemin. Il nous faut analyser dans toute sa richesse un mot que nous risquerions de considérer comme banal et qui est celui que le lectionnaire  traduit par cette expression : « Il fut saisi de compassion ». « Saisi de compassion », le mot grec utilisé est à la fois plus fort,  plus concret et plus enraciné dans la tradition biblique. On pourrait le traduire par une autre expression : « Il fut, touché, remué, bouleversé jusqu’aux entrailles ». Ce même mot et ce même sentiment nous le retrouvons dans l’Évangile de Luc dans la parabole du Fils Prodigue lorsque le fils prodigue ayant dilapidé tous ses biens et mourant de faim s’en revient vers son Père. « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers ». Cette parabole est une réponse du Sauveur à ceux qui trouvaient qu’il faisait bon accueil aux pécheurs et mangeait avec eux ». « Saisi de compassion », cette expression nous révèle l’amour inconditionnel du Père, du Dieu qui est riche en miséricorde lui qui veut que tous les hommes soient sauvés. On retrouve une expression semblable dans le Cantique de Zacharie au début du même évangile qui parle de la tendresse des entrailles de Dieu  lui qui accorde  la rémission des péchés. « Tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins pour donner à son peuple de connaitre le salut par la rémission de ses péchés, grâce à la tendresse à l’amour de notre Dieu » selon ce que nous chantons tous les matins à la fin des laudes. Jésus est la tendresse, la compassion, la miséricorde de Dieu en personne, venu dans le monde pour la rémission des péchés. Ce qui était annoncé par le prophète : « Réponds-moi Seigneur, car il est bon, ton amour; dans ta grande tendresse, regarde-moi », le Christ l’accomplit dans toute sa plénitude. Son amour est inconditionnel.

Mais revenons à notre samaritain. Lorsqu’il est saisi de compassion, il manifeste lui aussi, même si c’est paradoxal quelque chose de l’amour de Dieu  puisqu’il  prend soin de celui qui est un étranger voir un ennemi, de celui qui le méprise. En effet, les juifs n’ont pas de rapport avec les samaritains.

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Il est bon de penser à ce qu’est cet amour puisque ce mot peut avoir de multiples significations avant de rechercher qui est mon prochain. Ce commandement n’est plus au delà de nos forces parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous a été donné. L’amour qui nous permet d’aimer notre prochain est un don qui nous est fait. C’est l’amour du Christ, l’amour du Verbe fait chair, l’amour de Dieu même qui ne connait aucune limite. Comme la parabole le montre si clairement, nous ne devons pas poser de  limite pour définir celui qui est notre prochain. Il y a bien un ordre de l’amour mais c’est ordre, celui dont nous parle l’ Évangile et les Pères, celui qu’a commenté saint Bernard, c’est l’ordre de la Charité. Il y a en effet plusieurs types d’amour, mais celui qui est authentiquement chrétien, celui qui ne passera jamais alors que la foi et l’espérance passeront comme nous le dit saint Paul, c’est la charité. Elle part du proche, du voisin mais son extension ne connait pas de limite. C’est elle qui nous permet d’aimer comme le samaritain. C’est elle qui élargit nos coeurs aux dimensions du monde et nous fait aspirer à la fraternité universelle.

Père abbé vladimir

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